Ça y est : Florent Pagny a enfin présenté ses excuses, après son « dérapage raciste » (dixit le CRAN, toujours en grande forme). On savait bien, d’ailleurs, que ce n’était qu’une question d’heures. Alors on attendait, comme ça, pour voir un peu le cirque habituel, les contorsions d’usage, les protestations émues, les preuves de citoyenneté cosmopolite, le jeu du « je-suis-encore-plus-antiraciste-que-vous » – bref : le spectacle du bienpensant progressiste qui se fait dévorer par les siens parce qu’il a eu le malheur de s’oublier une seconde. Mais sans plus d’enthousiasme que ça, à vrai dire. Le scénario est désormais tellement connu, la machine si bien rôdée, que même le comique de répétition ne fonctionne plus. Pagny avait donc déclaré qu’il avait préféré scolariser ses enfants aux États-Unis, parce qu’en France « il y a un moment où ton môme, il rentre à la maison et d'un seul coup, il se met à parler rebeu... » Il avait aussi fait part d’une conversation qu’il avait eue avec le plus jeune de ses fils : « Ce n'est pas possible : tu ne vas pas pouvoir me parler "çacom", parce que verlan, encore, tout va bien, mais là, il n'y a pas de raison. Tu vas passer à autre chose et tu vas essayer de rattraper le groupe de tête plutôt que de traîner ». Deux déclarations « nauséabondes » d’un coup, il faut dire qu’il a fait très fort, le Florent ! D’abord, il stigmatise le « parler rebeu » qui est pourtant, comme chacun sait, le détournement toujours inventif, souvent poétique et parfois subversif d’une langue (le français) moisie et sclérosée dans l’assurance de ses préjugés. (Car il est bien évident que « parler rebeu » ne signifie pas littéralement « parler arabe », comme fait semblant de le croire le CRAN. Mais passons.) Et puis surtout, il dénigre nos belles écoles publiques en envoyant ses rejetons aux « States », ce que font – pas folles – toutes nos « élites » politiques, médiatiques, artistiques et sportives depuis déjà belle lurette, mais en ayant le bon goût de continuer à nous vanter les mérites du riant métissage de nos collèges de ZEP et à nous chanter les louanges de la mixité sociale salvatrice de nos lycées professionnels. « Mais vous n’aurez pas… ma liberté de penser ! » Bah si. C'était même assez facile, en fait…
Je dirais même plus...
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mercredi 10 novembre 2010
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2 commentaires:
Dès l'instant où j'ai lu l'article sur le "dérapage" de Pagny, je savais qu'il en serait question sur ton blog, merci de ne pas m'avoir fait attendre trop longtemps !
J'avoue que, dans mon esprit, le titre du présent billet contenait un peu ce double sens. C'est bien tout le problème, d'ailleurs...
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