Je dirais même plus...

mercredi 30 juin 2010

Au temps pour moi

"Les soldes d'été sont un temps fort du Printemps."

jeudi 24 juin 2010

STRIP TISSS !!!...

C'était un bar, et il ne semblait pas très prometteur. Des types seuls assis au comptoir, l'air de s'ennuyer ferme, des putes sur le retour. La voix de Julio Iglesias s'échappait tel un petit flot poisseux de hauts-parleurs dissimulés. Ángela éveilla des regards lascifs chez de gros hommes qui buvaient et fumaient assis à de petites tables à lampes accompagnés par des filles qui elles aussi avaient l'air de s'ennuyer ferme dans la pénombre mauve.
- Écoute, Escobar : Julio Iglesias.
- Oui, nous sommes au septième cercle de l'enfer.
Ils s'assirent dans l'obscurité du fond et commandèrent des whiskies. Ils allaient finir complètement ivres, accoudés au comptoir, l'air de s'ennuyer ferme. Julio Iglesias fut coupé en plein milieu de sa chanson sirupeuse, et une voix enthousiaste surgit des hauts-parleurs :
- Et maintenant, messieurs ! An nao, yéntlemen ! Le Septième Cercle a le plaisir de vous présenter ! Di Seven Circl is api tou prisent ! L'unique ! Di onli ! Le meilleur ! Di best! L'authentique ! Di autentic ! STRIP TISSS !!!... Avec les plus belles filles ! Di moust biutiful guerls ! de la nuit de Bogotá ! of di nait of Bogotá ! L'Athènes ! Di Athenas ! Sud-américaine ! of Sauz America !
On entendit un roulement de tambour, puis les premières notes de La Marseillaise. Les rideaux argentés d'une scène minuscule, au fond de la piste de danse, s'ouvrirent en bringuebalant. Il y eut quelques applaudissements aux tables. Des lumières de couleur s'allumèrent, et une fille jeune, vêtue de voiles de mousseline et portant des bracelets de métal entra en scène en clignant les yeux sous les projecteurs.
- Cléopâtre, reine de Babylone ! Cleopatra, cuine of Babilonia ! annonça le haut-parleur.
Et une musique orientale s'éleva aussitôt. Cléopâtre fit serpenter ses bras, ébaucha des pas de danse. Une esclave noire enchaînée commença à la dépouiller de ses voiles au rythme de la musique. Quand elle fut nue avec un petit cœur de lamé doré juste au milieu du sexe, la musique se tut. Les deux femmes saluèrent dans les bouffées douceâtres de sueur et de maquillage et reçurent des applaudissements diffus. Puis ce fut le tour de Rosita, la Collégienne - litl Ros, di scoulguerl -, fausse blonde à nattes portant un cartable plein de livres, vêtue d'une jupe à carreaux et de socquettes. Elle se déshabilla en se déhanchant et ne garda qu'un petit cœur rose sur le sexe.
- Pauvres gamines... ! commenta Ángela.
- C'est la nuit de Bogotá, expliqua Escobar en essayant de l'embrasser.
Ce fut alors le tour de Pascale, la Petite Française - Pascale, di litl French -, qui avait des seins énormes. Puis, de nouveau, l'esclave du premier numéro, sauf que cette fois elle était Irina, la femme panthère, et qu'on l'avait amenée dans une cage où elle grognait et tournait à quatre pattes sur une musique de cirque. Le numéro suivant s'appelait "La Consultation", di chek-ap : Cléopâtre, habillée en docteur, auscultait les seins de la petite Française avec un stéthoscope et finissait en faisant semblant de la violer sur une table d'opération rudimentaire. Et dans celui d'après - "Les Amies", De Gud Frends -, la Noire et la fausse blonde se caressaient et s'embrassaient sur la même table, couverte maintenant d'oreillers et de coussins de satin. Puis les rideaux de la scène se refermèrent définitivement, et Julio Iglesias se remit à chanter.
Antonio Caballero, Un mal sans remède, 2004.

lundi 21 juin 2010

Fugue en sol clément

Ce soir, c'est la fête de la musique.
Cette année, le thème en est "la musique au féminin".
Si vous voyez deux meilleures raisons pour s'éclipser à la campagne, faites-moi signe à mon retour.

dimanche 20 juin 2010

L’équipe de France n’a jamais été aussi représentative du « vivre-ensemble »

La déconfiture de l’équipe de France de football face au Mexique constituait déjà un spectacle des plus réjouissants, tant il est vrai que les joueurs qui la composent ont le don de susciter l’antipathie. Constantes gueules d’enterrement, caprices d’enfants gâtés, postures de stars, barbotage satisfait dans la vulgarité des pubs, mépris du public, incompétence notoire : les raisons ne manquaient certes pas de vomir ces drôles-là, pas même foutus de choisir une catin avec goût ni de se la farcir sans que cela ne se sache (ce qui, quand on connaît leurs salaires, relève tout de même de l’exploit…)
Mais l’« affaire Anelka », là, il faut avouer que c’est carrément du caviar ! Résumons-nous. Il y a encore 48 heures, il était donc permis de mépriser de toute son âme l’équipe tricolore – ce dont bon nombre de Français, qu’ils soient ou non amateurs de foot, ne se privaient d’ailleurs pas – mais il était en revanche jugé tout à fait inopportun (pour ne pas dire « nauséabond ») de ne pas s’y reconnaître. Pas le moindre paradoxe là-dedans, à ce qu’il paraît. « On a tous un côté bleu », martelaient les sponsors. Méthode Coué…
Or, aujourd’hui, virage spectaculaire ! On semble tomber des nues. Un joueur mercenaire qui se contrefout manifestement du pays qu’il est censé représenter, qui traite son entraîneur de fils de pute et lui dit d’aller se faire enculer, voilà qui n’est, soudain, « pas la France ». Les journalistes ne ménagent d’ailleurs pas leur peine pour tenter de nous en convaincre : à la radio comme à la télé s’enchaînent, telles des cérémonies d’exorcisme, les interviews de jeunes joueurs de foot « des quartiers » – blacks, blancs, beurs, comme en 98 – dénonçant sagement l’attitude d’Anelka. Et tant pis si, au même moment, Sydney Govou fait des déclarations fort intéressantes (mais bizarrement peu relayées) à un journaliste de L’Équipe lui demandant s’il n’existerait pas, tout de même, des « clans » parmi les Bleus (fallait-il que ça saute aux yeux pour que le pauvre diable ose poser la question !) : « Dans la vie de tous les jours, on cherche des affinités, alors en équipe de France aussi. Et quand on cherche des affinités, la couleur, c’est la première chose qui vient à l’esprit. » De fait, l’équipe de France n’a jamais été aussi représentative qu’à cet instant précis où il devient, comme par hasard, interdit de s’y reconnaître. Elle illustre à merveille ce que toute personne un tant soit peu en contact avec le réel sait depuis longtemps déjà – à savoir que le « vivre-ensemble » est un mythe.
Mais tout cela a peu d’importance. L’essentiel n’est-il pas d’« éliminer le traître » qui a balancé le caïd, comme l’a dit Patrice Evra, le parrain – pardon, le capitaine – de cette belle équipe ? Bien sûr que si. C’est la loi de la rue, mon frère. M’est avis que c’est Gourcuff qui va prendre, « coupable » ou pas. Une vague intuition…

samedi 19 juin 2010

Pour mémoire

Je sais bien que - quelle que soit sa valeur - aucune oeuvre n'a jamais été ni ne sera jamais le reflet de son époque, pour la bonne et simple raison que, précisément, elle en fait partie et ne saurait donc en être extraite pour se tenir face à elle, à la manière d'un miroir. Ainsi, s'il est toujours possible - et, à vrai dire, enivrant - de réfléchir une époque à travers une oeuvre (et même d'en réfléchir deux : la nôtre et la sienne), il me semble en revanche illusoire de penser qu'une oeuvre puisse réfléchir une époque.
Il n'en demeure pas moins que si, dans 1000 ans, il venait à un historien l'idée saugrenue de résumer notre époque, par le biais d'un document qui en condenserait les traits les plus saillants, c'est probablement par ici qu'il faudrait que ce farfelu se tourne...

vendredi 18 juin 2010

Common as dirt

Here a year or two back me and Loretta went to a conference in Corpus Christi and I got set next to this woman, she was the wife of somebody or other. And she kept talkin about the right wing this and the right wing that. I aint even sure what she meant by it. The people I know are mostly just common people. Common as dirt, as the sayin goes. I told her that and she looked at me funny. She thought I was sayin somethin bad about em, but of course that's a high compliment in my part of the world. She kept on, kept on. Finally told me, said: I dont like the way this country is headed. I want my granddaughter to be able to have an abortion. And I said well mam I dont think you got any worries about the way the country is headed. The way I see it goin I dont have much doubt but what she'll be able to have an abortion. I'm goin to say that not only will she be able to have an abortion, she'll be able to have you put to sleep. Which pretty much ended the conversation.
Cormac McCarthy, No Country for Old Men, 2005.

lundi 14 juin 2010

Tout est dans tout


L'escroquerie sociologique résumée en un schéma...

dimanche 6 juin 2010

That was it

That was it; that was all. But they stand there for awhile longer, feeling the power that is in their circle, the closed body that they make. The light paints their faces in pale fading colors; the sun is now gone and sunset is dying. They stand together in a circle as the darkness creeps down into the Barrens, filling up the paths they have walked this summer, the clearings where they have played tag and guns, the secret places along the riverbanks where they have sat and discussed childhood's long questions or smoked Beverly's cigarettes or where they have merely been silent, watching the passage of the clouds reflected in the water. The eye of the day is closing.
At last Ben drops his hands. He starts to say something, shakes his head, and walks away. Richie follows him, then Beverly and Mike, walking together. No one talks; they climb the embankment to Kansas Street and simply take leave of one another. And when Bill thinks it over twenty-seven years later, he realizes that they really never did all get together again. Four of them quite often, sometimes five, and maybe six once or twice. But never all seven.
He's the last to go. He stands for a long time with his hands on the rickety white fence, looking down into the Barrens as, overhead, the first stars seed the summer sky. He stands under the blue and over the black and watches the Barrens fill up with darkness.
I never want to play down there again, he thinks suddenly and is amazed to find the thought is not terrible or distressing but tremendously liberating.
He stands there a moment longer and then turns away from the Barrens and starts home, walking along the dark sidewalk with his hands in his pockets, glancing from time to time at the houses of Derry, warmly lit against the night.
After a block or two he begins to walk faster, thinking of supper… and a block or two after that, he begins to whistle.
Stephen King, It, 1986