Je dirais même plus...

jeudi 22 octobre 2009

Demandez-vous, belle jeunesse...

Ils étaient usés à quinze ans
Ils finissaient en débutant
Les douze mois s'appelaient décembre
Quelle vie ont eue nos grands-parents
Entre l'absinthe et les grand-messes
Ils étaient vieux avant que d'être
Quinze heures par jour le corps en laisse
Laissent au visage un teint de cendre
Oui not' Monsieur oui not' bon Maître
Pourquoi ont-ils tué Jaurès ?
Pourquoi ont-ils tué Jaurès ?

lundi 19 octobre 2009

Dans quelle poubelle ?

Ce matin, une affiche épinglée dans le local à poubelles de mon immeuble m'avise que je peux recevoir "la visite à [mon] domicile d'un ambassadeur du tri", afin de me "sensibiliser aux gestes du tri sélectif". En outre, j'ai le bonheur d'apprendre que cette initiative citoyenne a été concoctée par l'association "Toubitri", dont les membres se targuent d'être des "agitateurs du tri".
Ou comment faire du recyclage des boîtes de conserve et des bouteilles de lait un acte à la fois diplomatique et subversif.

jeudi 15 octobre 2009

Ole Mahatma

Conversation entre deux étudiants ce matin :
- Last summer, I went to Barcelona and visited the Sagrada Familia, by the famous architect, you know...
- Oh yes! Gandhi?

dimanche 11 octobre 2009

Rôle décomposition

On ne peut qu'être frappé par le fait que les acteurs et les comédiens, qui comptent aujourd'hui parmi les notables les plus gras de notre société et en sont, pour beaucoup, le plus médiocre reflet (puisque le septième art n'a lui-même plus d'autre ambition que de "refleter les problématiques qui sont les nôtres") ; on ne peut qu'être frappé, donc, par le fait que ces sinistres farceurs n'aient de cesse de se déclarer de "distants observateurs" de leur époque, dans le conformisme de laquelle ils sont pourtant englués de toute leur âme, et qu'ils soient les plus prompts à dégainer la ritournelle - inoffensive, il est vrai - de l'anticonformisme.
Ainsi, rien n'est plus distrayant que d'entendre ces faquins évoquer avec la fatuité la plus outrée (mais sans déclencher le moindre sourire) les chefs-d'oeuvre "engagés" et "décalés" auxquels ils ont eu "l'immense privilège" de participer. Il faut souligner, à leur décharge, que les préposés en promotion qui les reçoivent pour écouter complaisamment leur babil leur mâchent grandement le travail. "Ce film, ça a été une vraie aventure humaine ?" et "Pour ce rôle, vous vous êtes vraiment mis en danger ?" semblent être devenues deux des questions incontournables de ces autres bouffons sincères que l'on nomme journalistes. La mousse est prête : il n'y a plus qu'à s'en enduire. Et à enchaîner sur le statut toujours précaire, "sur le fil" - mais par là même noble - de l'acteur. Le mot "acteur", du reste, est déjà de trop si l'on en croit les principaux intéressés : "Je ne suis qu'un saltimbanque, un marginal, affirment-ils sans broncher, tout potelés de leurs succès et roses de leur satisfaction. Je suis un héritier de Molière, iconoclaste dérangeant enterré dans la fosse commune (car Poquelin est aujourd'hui à l'artiste ce que Hitler est à l'anti-raciste). Je ne suis qu'un clown triste". Pour le coup, ils ne pensent pas si bien dire. C'est sûrement cela que l'on appelle l'ironie dramatique.

vendredi 9 octobre 2009

La radoteuse de Serge

Madame Nostalgie
Tu pleures sur un nom de ville
Et tu confonds, pauvre imbécile,
L'amour et la géographie.

mardi 6 octobre 2009

Farce moderne en un acte

Scène 1

Une voix féminine enregistrée, peut-être enjouée mais noyée dans du bruit vivaldien (Les Quatre saisons, version catastrophe climatique) :
Tous nos techniciens sont occupés. Nous nous efforçons d’écourter votre attente. Votre attente ne devrait pas durer plus de… DIX MI-NUTES… … … Tous nos techniciens sont occupés. Nous nous efforçons d’écourter votre attente. Votre attente ne devrait pas durer plus de… QUINZE MI-NUTES… … … Tous nos…


Scène 2

- Allô bijour missieur, ici le service assistance hotline de Cdescons.com. En quoi puis-je satisfaire votre demande ?
- Bonjour. Je vous appelle parce que l’imprimante wi-fi que je viens d’acheter sur votre site ne fonctionne pas correctement. Aucune touche ne réagit, et en plus elle ne trouve pas le réseau.
- D’accord missieur. Y’a pas d'souci. Ji vais vous demander de faire li manipulations suivantes. Vous y êtes prêt ?
- Oui.
- Vérifiez que l’imprimante elle est bien reliée à une prise électrique, siouplaît missieur.
- Euh… Bah oui, évidemment !
- Si ça ne marche toujours pas, vérifiez que vous avez bien une connexion internet, missieur.
- C’est Béliveau, au bout du fil, là ? C’était une farce, l’annonce de ta mort ?
- Pardon, missieur ?
- Non rien. J’ai vérifié mais ce n’est pas ça.
- Bien. Vous avez bien un ordinateur, hein ?
- Il semblerait, oui…
- Bon, alors missieur, c’est peut-être un problème di ritour.
- De retour de quoi ?
- Non ! Di RI-TOUR, sur li réseau.
- Ah ! De routeur ?
- Oui. Ji vais vous faire un bon di ritour pour le produit.
- Et ça consiste en quoi, au juste, un bon de routeur ?
- Non ! Di RI-TOUR, pour nous renvoyer le produit.
- Ah, oui, pardon … Donc il faut que je vous renvoie l’imprimante par colis ? Mais qui paie les frais de transport ?
- Li frais di ritour ils sont à la charge du client, missieur.
- Comment ? Mais enfin ce n’est quand même pas ma faute si votre produit est défectueux ! Vous savez combien ça coûte d’envoyer un engin pareil par colis ???
- Non, missieur, mais votre bureau di poste il pourra sûrement vous renseigner.
- Mais je…
- Voilà missieur, toute l’équipe di Cdescons.com elle vous remercie di votre appel. En vous souhaitant un bon début de continuation de fin de journée, missieur. BIP… BIP… BIP…

Rideau