Je dirais même plus...

dimanche 31 octobre 2010

Parfumier !


Puisqu'on parle de science-fiction...

Sortie dominicale : le dépaysement au coin de la rue

Oubliez le cinéma. De plus en plus, il suffit de sortir de chez soi pour se croire non plus devant mais dans un film de science-fiction. Ainsi, je viens de croiser un jeune quadra en jean-blazer-écharpe, sourire béat, iPhone dégainé, tout occupé à photographier (filmer ?) ses deux mouflets (Mathis et Luna ? Oscar et Emma ? Gabin-Louis et Vélove ?) Que faisaient d’extraordinaire ces deux angelots ? me demanderez-vous. Leurs premiers pas citoyens, vous répondrai-je, puisque, sur la pointe de leur petits petons, langue sortie sous l’effet de la concentration, ils jetaient des bouteilles d’Evian dans la poubelle du recyclage (pardon : la borne de tri sélectif). On peut comprendre l’émotion et la fierté du jeune « papa » devant une telle précocité. Engendrer coup sur coup deux agitateurs du tri, ça vous donnerait presque envie d’embrasser votre prostate.

jeudi 21 octobre 2010

Six pieds sous terre, tu ris encore

Nous parlons en silence
D'une jeunesse vieille.
Nous savons tous les deux
Que le monde sommeille
Par manque d'imprudence.

Acquis social

Mouvements sociaux : Lady Gaga reporte ses concerts parisiens.
Au moins, tout ça aura servi à quelque chose...

lundi 11 octobre 2010

It is called 'The Gorilla' and it is offensive...

Unhappy is he to whom...

Now I ride with the mocking and friendly ghouls on the night-wind, and play by day amongst the catacombs of Nephren-Ka in the sealed and unknown valley of Hadoth by the Nile. I know that light is not for me, save that of the moon over the rock tombs of Neb, nor any gaiety save the unnamed feasts of Nitokris beneath the Great Pyramid; yet in my new wildness and freedom I almost welcome the bitterness of alienage.
For although nepenthe has calmed me, I know always that I am an outsider; a stranger in this century and among those who are still men. This I have known ever since I stretched out my fingers to the abomination within that great gilded frame; stretched out my fingers and touched a cold and unyielding surface of polished glass.
H. P. Lovecraft, "The Outsider", Weird Tales, 1926.

samedi 2 octobre 2010

Une paire de bottes vaut Shakespeare

Coïncidence (ou pas) : quelques minutes avant de lire ces lignes, j’apprenais par la radio que le jeu vidéo PES avait été « le produit culturel le plus vendu en France en 2006 »…
Les héritiers du tiers-mondisme ne sont pas seuls à préconiser la transformation des nations européennes en sociétés multiculturelles. Les prophètes de la postmodernité affichent aujourd’hui le même idéal. Mais tandis que les premiers défendent, face à l’arrogance occidentale, l’égalité de toutes les traditions, c’est pour opposer les vertiges de la fluidité aux vertus de l’enracinement que les seconds généralisent l’emploi d’une notion apparue voici quelques années dans le monde de l’art. L’acteur social postmoderne applique dans sa vie les principes auxquels les architectes et les peintres du même nom se réfèrent dans leur travail : comme eux, il substitue l’éclectisme aux anciennes exclusives ; refusant la brutalité de l’alternative entre académisme et innovation, il mélange souverainement les styles ; au lieu d’être ceci ou cela, classique ou d’avant-garde, bourgeois ou bohème, il marie à sa guise les engouements les plus disparates, les inspirations les plus contradictoires ; léger, mobile, et non raidi dans un credo, figé dans une appartenance, il aime pouvoir passer sans obstacle d’un restaurant chinois à un club antillais, du couscous au cassoulet, du jogging à la religion, ou de la littérature au deltaplane.
S’éclater est le mot d’ordre de ce nouvel hédonisme qui rejette aussi bien la nostalgie que l’auto-accusation. Ses adeptes n’aspirent pas à une société authentique, où tous les individus vivraient bien au chaud dans leur identité culturelle, mais à une société polymorphe, à un monde bigarré qui mettrait toutes les formes de vie à la disposition de chaque individu. Ils prônent moins le droit à la différence que le métissage généralisé, le droit de chacun à la spécificité de l’autre. Multiculturel signifiant pour eux abondamment garni, ce ne sont pas les cultures en tant que telles qu’ils apprécient, mais leur version édulcorée, la part d’elles-mêmes qu’ils peuvent tester, savourer et jeter après usage. Consommateurs et non conservateurs des traditions existantes, c’est le client-roi en eux qui trépigne devant les entraves mises au règne de la diversité par des idéologies vétustes et rigides. (p. 150)
À condition qu’elle porte la signature d’un grand styliste, une paire de bottes vaut Shakespeare. Et tout à l’avenant : une bande dessinée qui combine une intrigue palpitante avec de belles images vaut un roman de Nabokov ; ce que lisent les lolitas vaut Lolita ; un slogan publicitaire efficace vaut un poème d’Apollinaire ou de Francis Ponge ; un rythme de rock vaut une mélodie de Duke Ellington ; un beau match de football vaut un ballet de Pina Bausch ; un grand couturier vaut Manet ; Picasso, Michel-Ange ; l’opéra d’aujourd’hui – « celui de la vie, du clip, du jingle, du spot » (J. Séguéla) – vaut largement Verdi ou Wagner. Le footballeur et le chorégraphe, le peintre et le couturier, l’écrivain et le concepteur, le musicien et le rockeur sont, au même titre, des créateurs. Il faut en finir avec le préjugé scolaire qui réserve cette qualité à certains, et qui plonge les autres dans la sous-culture.
(…)
Vous voilà prévenus : si vous estimez que la confusion mentale n’a jamais protégé personne de la xénophobie ; si vous vous entêtez à maintenir une hiérarchie sévère des valeurs ; si vous réagissez avec intransigeance au triomphe de l’indistinction ; s’il vous est impossible de couvrir de la même étiquette culturelle l’auteur des Essais et un empereur de la télévision, une méditation conçue pour éveiller l’esprit et un spectacle fait pour l’abrutir ; si vous ne voulez pas, quand bien même l’un serait blanc et l’autre noir, mettre un signe d’égalité entre Beethoven et Bob Marley, c’est que vous appartenez – indéfectiblement – au camp des salauds et des peine-à-jouir. Vous êtes un militant de l’ordre moral et votre attitude est trois fois criminelle : puritain, vous vous interdisez tous les plaisirs de l’existence ; despotique, vous fulminez contre ceux qui, ayant rompu avec votre morale du menu unique, ont choisi de vivre à la carte, et vous n’avez qu’un désir : freiner la marche de l’humanité vers l’autonomie ; enfin, vous partagez avec les racistes la phobie du mélange et la pratique de la discrimination : au lieu de l’encourager, vous résistez au métissage. (p. 152-4)
Alain Finkielkraut, La Défaite de la pensée, Gallimard, 1987.

vendredi 1 octobre 2010

Bang Bang

De Nancy Sinatra, j'avoue tout ignorer ou presque. Cela dit, son interprétation de "Bang Bang (My Baby Shot Me Down)", découverte par hasard en regardant Kill Bill, me donne envie d'en entendre davantage...