Je dirais même plus...

lundi 16 février 2009

Thèse-art

Apéritif très agréable, hier soir, en compagnie d’A*** et V***, comme moi doctorants. Tous trois gens sensés (c’est-à-dire rendus lucides par les bulles du champagne), nous cherchions le moyen miracle de nous affranchir du joug de la thèse et avons imaginé un expédient encore plus réaliste que le jackpot du loto. Il s’agirait de la rédaction d’un livre traitant du joug en question, dont le succès planétaire ne manquerait pas de nous rendre millionnaires. Le premier chapitre de ce chef-d’œuvre en puissance serait consacré aux symptômes de la thèse dans l’impasse. Exemples en vrac :

Un philanthrope (ou un inconscient) te demande sur quoi portent tes recherches et tu te rends compte que tu ne t’étais jamais vraiment posé la question.
Tu as mis en fiches 127.654.133 ouvrages (soit la moitié des collections de la BNF mais le quart seulement de la bibliographie de base conseillée par ton directeur de thèse) mais tu n’as pas l’ombre d’une problématique. (Alternative reconnue : Tu as mis en fiches 000.000.000 ouvrages mais tu n’as pas l’ombre d’une problématique).
Tu as dépouillé 60 ans d’archives d’un sordide périodique du XVIIIe siècle dans lequel les « s » sont écrits comme des « f » pour arriver à la conclusion qu’il ne te serait décidément d’aucune utilité.
À ton bureau, la moindre pause pipi devient une fête dont la perspective te réjouit un quart d’heure à l’avance.
Tu considères le jour de ta soutenance tantôt comme celui de ta délivrance, tantôt comme celui de ton exécution (et comme tu penses toujours en trois parties, tu en conclus que ce sera l’un
parce que l’autre).
En partant en week-end, le jeudi à 14h, tu étais tout content car tu pensais que « Histoire d’une dialectique et dialectique(s) d’une histoire » était un bon titre pour une première sous-sous-sous-partie qu’il ne te resterait plus qu’à rédiger ; mais en relisant ça le mardi matin suivant, tu as hâte d’être à jeudi.
Tu aimerais que ton ordinateur bouffe tout ton travail afin d’avoir une excuse valable pour péter les plombs, te poser en victime éplorée, et dire : « J’arrête tout ! »
Faute de virus informatique, tu aimerais que la grippe aviaire extermine la moitié de la population mondiale (dont, si possible, ton directeur de thèse) pour t’aider à relativiser.
Au lieu de rédiger ta prochaine communication, tu écris des billets débiles pour ton blog.
Etc., etc.

Seul problème : je suis sûr que l’idée a déjà été exploitée et qu’un fumier a trouvé le salut à nos dépens. Je vais aller me faire un petit loto, moi.

3 commentaires:

Anonyme a dit…

Moi je relève surtout que le weekend des thésards semble s'étendre du jeudi 14h au mardi... 14h?

Et ca se plaint.
Allez, y en a qui bossent ici...

Anonyme a dit…

Au fait sinon ma méthode: s'engueuler avec le directeur de thèse, démissionner par email (c'est plus lâche) et se reconvertir dans complètement autre chose :D

Bab a dit…

Ou un SMS, genre "Si tu reviens, j'arrête tout"...