Je dirais même plus...

lundi 14 septembre 2009

Rentrée de Vichy, rentrée réussie !


En cette rentrée, convenons-en, l’actualité sourit à la cohorte des « révoltés semi-officiels », des « insurgés du juste milieu » et autres « émancipateurs subventionnés » qui faisaient les délices de Philippe Muray. Pensez donc ! Quelques jours seulement après la mise à la retraite forcée du haut fonctionnaire nazillon Girot de Langlade, c’est au tour du ministre de l’Intérieur Brice Hortefeux – celui-là même qui avait mis le précédent sur la touche – de faire son coming out raciste. Quelle aubaine ! De quoi faire bêler les troupeaux droits-de-l’hommistes au fascisme pendant des mois. De quoi aussi faire rebander toutes les ligues vigilantes après la trêve estivalo-festive.

Passons sur le fait qu’un court extrait de conversation, filmé par un amateur sur un téléphone portable avant d’être diffusé en boucle hors contexte, puisse aujourd’hui tenir lieu de preuve irréfutable de « dérapage » (comprenez : de la tenue de propos jugés racistes, misogynes ou homophobes), et ce sans que personne semble s’en inquiéter le moins du monde. C’est ce qu’il est désormais convenu d’appeler un « buzz ». Passons encore sur le fait que le jeune homme à qui s’adresse Hortefeux dans l’extrait en question ne paraisse nullement s’émouvoir de la plaisanterie de celui-ci. « En même temps, il est militant UMP », nous rétorquera-t-on d’un air entendu – argument décisif s’il en est.

Nous n’en sommes plus à ces détails, en réalité, comme le prouve l’hilarante ligne de défense du brave Brice (« Je parlais des Auvergnats »). Quand on y réfléchit plus de cinq minutes (laps de temps nécessaire pour passer le cap du simple mais exquis grotesque), cette déclaration prend une teinte surréaliste. Elle semble en effet impliquer que tous les participants à cette sinistre farce qu’on nomme « polémique », à commencer par le principal accusé, se sont mis d’accord sur le postulat suivant : si les phrases incriminées visaient bien les « immigrés » (là encore, il faut lire entre les lignes…), il y aurait indiscutablement « dérapage ». En d’autres termes, le bavardage (on n’ose dire « débat ») actuel ne saurait porter que sur la signification (bonne ou mauvaise) de la plaisanterie du ministre (c’est ce que l’on appelait, en d’autres temps, un procès d’intention) ; à aucun moment sur le droit qu’aurait quiconque de formuler ladite plaisanterie dans l’hypothèse même où celle-ci viserait bien les « immigrés ». C’est que ce droit est déjà devenu inimaginable, impensable.

La raison en est fort simple : nous savons bien, n’est-ce pas, où risque de nous mener ce genre d’humour. Mais si, vous savez : aux heures-les-plus-sombres-de-notre-histoire. Inutile de vous faire un dessin. On commence pété de rire ; on finit pétainiste. Les zygomatiques stigmatisent. Il est donc plus prudent de suivre quelques consignes de bon sens, par principe de précaution : faire de l’esprit, pourquoi pas, mais respectueusement ; se montrer ironique à la rigueur, mais sans ambiguïté mal placée ; jouer les sarcastiques éventuellement, mais avec tendresse et compassion ; être tolérant surtout, mais avec les gens qui pensent comme nous. À ce propos, l’accueil de Frédéric Mitterrand à la « fête de l’Huma » (haut lieu de la culture, comme chacun sait) sous les cris de « collabo » et d’ « enculé » était distrayant, à défaut d’être surprenant.

Il convient encore d’égrener l’éternel chapelet : l’histoire qui a tôt fait de se répéter ; le fascisme qui avance toujours masqué, etc. Le plus drôle, c’est que tout cela est parfaitement exact. Sans vouloir crier au loup à mon tour, je fais aujourd’hui le pari que si le fascisme devait faire son retour en Europe, il surgirait effectivement de l’endroit où on l’attend le moins. Quand, au nom du respect, de la tolérance et du mieux-vivre-ensemble, nos vertueuses ligues citoyennes, si jeunes, belles et fortes de leur « métissage », auront tari une à une toutes les sources de la critique et de l’humour, c’est-à-dire de la liberté, alors nous commencerons à rire pour de bon.

Je songe à ce tableau fascinant de Dali : Jeune vierge autosodomisée par les cornes de sa propre chasteté. Préparons la vaseline…


NB : Au moment de publier ce billet, je tombe, presque par hasard, sur un article intitulé : « Le ministre de l’Intérieur Brice Hortefeux fêtera la fin du ramadan à Paris ». On n’a pas fini de rigoler !

6 commentaires:

Didier Goux a dit…

« je fais aujourd’hui le pari que si le fascisme devait faire son retour en Europe, il surgirait effectivement de l’endroit où on l’attend le moins »

Moi, il me semble qu'il devrait surgir précisément du côté où, de plus en plus, on l'attend...

Bab a dit…

Mouais, c'est selon l'"on", comme dirait l'autre...
Trouvez-moi une "pétition citoyenne contre la HALDE, le CRAN, le CRIF et autres niaiseries" qui ne soit pas confidentielle et je me rends.

Bab a dit…

... après l'avoir signée.

Anonyme a dit…

Monsieur

Tout d'abord merci pour votre prose, agréable aux oreilles et revigorantes pour les parties irriguées du corps huamin...

Si ce n'est point encore fait, il vous faut au plus vite lire Alain Soral et Marc Edouard Nabe et consulter le site de l'Organe magazine... Je vous salue bien bas.

Signé : le Père Fouras.

Didier Goux a dit…

Bab : je crois qu'on est d'accord...

Bab a dit…

Père Fouras : merci Monseigneur, vous êtes bien bon ! J'ai pris bonne note de vos références, mais figurez-vous que par une coïncidence extraordinaire... Bref. (Désolé pour la réponse tardive : la buse que je suis n'a toujours pas compris comment faire pour savoir qu'un nouveau commentaire avait été déposé sur son blog...)

Didier Goux : je n'en doute pas.