Je dirais même plus...
Qui êtes-vous ?
lundi 28 septembre 2009
lundi 21 septembre 2009
Le pharaon fainéant
On peut parfois légitimement se demander - non sans une certaine sensation de vertige - dans quelles mesquineries on serait prêt à se compromettre, dans quelles turpitudes on serait ravi de se vautrer, dans quels abîmes on ne tomberait pas de son plein gré pour éviter de se mettre au travail...
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jeudi 17 septembre 2009
Festivinus
Lors du cauchemardesque « marathon du Médoc », un participant tout rougeaud d’enthousiasme :
C’est vraiment festif ! C’est la première fois que je viens mais je pense que ce sera pas la deuxième !
Le reportage, digne des meilleurs crus, se déguste ici.
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lundi 14 septembre 2009
Rentrée de Vichy, rentrée réussie !
En cette rentrée, convenons-en, l’actualité sourit à la cohorte des « révoltés semi-officiels », des « insurgés du juste milieu » et autres « émancipateurs subventionnés » qui faisaient les délices de Philippe Muray. Pensez donc ! Quelques jours seulement après la mise à la retraite forcée du haut fonctionnaire nazillon Girot de Langlade, c’est au tour du ministre de l’Intérieur Brice Hortefeux – celui-là même qui avait mis le précédent sur la touche – de faire son coming out raciste. Quelle aubaine ! De quoi faire bêler les troupeaux droits-de-l’hommistes au fascisme pendant des mois. De quoi aussi faire rebander toutes les ligues vigilantes après la trêve estivalo-festive.
Passons sur le fait qu’un court extrait de conversation, filmé par un amateur sur un téléphone portable avant d’être diffusé en boucle hors contexte, puisse aujourd’hui tenir lieu de preuve irréfutable de « dérapage » (comprenez : de la tenue de propos jugés racistes, misogynes ou homophobes), et ce sans que personne semble s’en inquiéter le moins du monde. C’est ce qu’il est désormais convenu d’appeler un « buzz ». Passons encore sur le fait que le jeune homme à qui s’adresse Hortefeux dans l’extrait en question ne paraisse nullement s’émouvoir de la plaisanterie de celui-ci. « En même temps, il est militant UMP », nous rétorquera-t-on d’un air entendu – argument décisif s’il en est.
Nous n’en sommes plus à ces détails, en réalité, comme le prouve l’hilarante ligne de défense du brave Brice (« Je parlais des Auvergnats »). Quand on y réfléchit plus de cinq minutes (laps de temps nécessaire pour passer le cap du simple mais exquis grotesque), cette déclaration prend une teinte surréaliste. Elle semble en effet impliquer que tous les participants à cette sinistre farce qu’on nomme « polémique », à commencer par le principal accusé, se sont mis d’accord sur le postulat suivant : si les phrases incriminées visaient bien les « immigrés » (là encore, il faut lire entre les lignes…), il y aurait indiscutablement « dérapage ». En d’autres termes, le bavardage (on n’ose dire « débat ») actuel ne saurait porter que sur la signification (bonne ou mauvaise) de la plaisanterie du ministre (c’est ce que l’on appelait, en d’autres temps, un procès d’intention) ; à aucun moment sur le droit qu’aurait quiconque de formuler ladite plaisanterie dans l’hypothèse même où celle-ci viserait bien les « immigrés ». C’est que ce droit est déjà devenu inimaginable, impensable.
La raison en est fort simple : nous savons bien, n’est-ce pas, où risque de nous mener ce genre d’humour. Mais si, vous savez : aux heures-les-plus-sombres-de-notre-histoire. Inutile de vous faire un dessin. On commence pété de rire ; on finit pétainiste. Les zygomatiques stigmatisent. Il est donc plus prudent de suivre quelques consignes de bon sens, par principe de précaution : faire de l’esprit, pourquoi pas, mais respectueusement ; se montrer ironique à la rigueur, mais sans ambiguïté mal placée ; jouer les sarcastiques éventuellement, mais avec tendresse et compassion ; être tolérant surtout, mais avec les gens qui pensent comme nous. À ce propos, l’accueil de Frédéric Mitterrand à la « fête de l’Huma » (haut lieu de la culture, comme chacun sait) sous les cris de « collabo » et d’ « enculé » était distrayant, à défaut d’être surprenant.
Il convient encore d’égrener l’éternel chapelet : l’histoire qui a tôt fait de se répéter ; le fascisme qui avance toujours masqué, etc. Le plus drôle, c’est que tout cela est parfaitement exact. Sans vouloir crier au loup à mon tour, je fais aujourd’hui le pari que si le fascisme devait faire son retour en Europe, il surgirait effectivement de l’endroit où on l’attend le moins. Quand, au nom du respect, de la tolérance et du mieux-vivre-ensemble, nos vertueuses ligues citoyennes, si jeunes, belles et fortes de leur « métissage », auront tari une à une toutes les sources de la critique et de l’humour, c’est-à-dire de la liberté, alors nous commencerons à rire pour de bon.
Je songe à ce tableau fascinant de Dali : Jeune vierge autosodomisée par les cornes de sa propre chasteté. Préparons la vaseline…
NB : Au moment de publier ce billet, je tombe, presque par hasard, sur un article intitulé : « Le ministre de l’Intérieur Brice Hortefeux fêtera la fin du ramadan à Paris ». On n’a pas fini de rigoler !
Passons sur le fait qu’un court extrait de conversation, filmé par un amateur sur un téléphone portable avant d’être diffusé en boucle hors contexte, puisse aujourd’hui tenir lieu de preuve irréfutable de « dérapage » (comprenez : de la tenue de propos jugés racistes, misogynes ou homophobes), et ce sans que personne semble s’en inquiéter le moins du monde. C’est ce qu’il est désormais convenu d’appeler un « buzz ». Passons encore sur le fait que le jeune homme à qui s’adresse Hortefeux dans l’extrait en question ne paraisse nullement s’émouvoir de la plaisanterie de celui-ci. « En même temps, il est militant UMP », nous rétorquera-t-on d’un air entendu – argument décisif s’il en est.
Nous n’en sommes plus à ces détails, en réalité, comme le prouve l’hilarante ligne de défense du brave Brice (« Je parlais des Auvergnats »). Quand on y réfléchit plus de cinq minutes (laps de temps nécessaire pour passer le cap du simple mais exquis grotesque), cette déclaration prend une teinte surréaliste. Elle semble en effet impliquer que tous les participants à cette sinistre farce qu’on nomme « polémique », à commencer par le principal accusé, se sont mis d’accord sur le postulat suivant : si les phrases incriminées visaient bien les « immigrés » (là encore, il faut lire entre les lignes…), il y aurait indiscutablement « dérapage ». En d’autres termes, le bavardage (on n’ose dire « débat ») actuel ne saurait porter que sur la signification (bonne ou mauvaise) de la plaisanterie du ministre (c’est ce que l’on appelait, en d’autres temps, un procès d’intention) ; à aucun moment sur le droit qu’aurait quiconque de formuler ladite plaisanterie dans l’hypothèse même où celle-ci viserait bien les « immigrés ». C’est que ce droit est déjà devenu inimaginable, impensable.
La raison en est fort simple : nous savons bien, n’est-ce pas, où risque de nous mener ce genre d’humour. Mais si, vous savez : aux heures-les-plus-sombres-de-notre-histoire. Inutile de vous faire un dessin. On commence pété de rire ; on finit pétainiste. Les zygomatiques stigmatisent. Il est donc plus prudent de suivre quelques consignes de bon sens, par principe de précaution : faire de l’esprit, pourquoi pas, mais respectueusement ; se montrer ironique à la rigueur, mais sans ambiguïté mal placée ; jouer les sarcastiques éventuellement, mais avec tendresse et compassion ; être tolérant surtout, mais avec les gens qui pensent comme nous. À ce propos, l’accueil de Frédéric Mitterrand à la « fête de l’Huma » (haut lieu de la culture, comme chacun sait) sous les cris de « collabo » et d’ « enculé » était distrayant, à défaut d’être surprenant.
Il convient encore d’égrener l’éternel chapelet : l’histoire qui a tôt fait de se répéter ; le fascisme qui avance toujours masqué, etc. Le plus drôle, c’est que tout cela est parfaitement exact. Sans vouloir crier au loup à mon tour, je fais aujourd’hui le pari que si le fascisme devait faire son retour en Europe, il surgirait effectivement de l’endroit où on l’attend le moins. Quand, au nom du respect, de la tolérance et du mieux-vivre-ensemble, nos vertueuses ligues citoyennes, si jeunes, belles et fortes de leur « métissage », auront tari une à une toutes les sources de la critique et de l’humour, c’est-à-dire de la liberté, alors nous commencerons à rire pour de bon.
Je songe à ce tableau fascinant de Dali : Jeune vierge autosodomisée par les cornes de sa propre chasteté. Préparons la vaseline…
NB : Au moment de publier ce billet, je tombe, presque par hasard, sur un article intitulé : « Le ministre de l’Intérieur Brice Hortefeux fêtera la fin du ramadan à Paris ». On n’a pas fini de rigoler !
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dimanche 13 septembre 2009
Too black to see
With dark they built a fire against the log and ate plates of okra and beans and the last of the canned potatoes. The fruit was long gone. They drank tea and sat by the fire and they slept in the sand and listened to the roll of the surf in the bay. The long shudder and fall of it. He got up in the night and walked out and stood on the beach wrapped in his blankets. Too black to see. Taste of salt on his lips. Waiting. Waiting. Then the slow boom falling downshore. The seething hiss of it washing over the beach and drawing away again. He thought there could be deathships out there yet, drifting with their lolling rags of sail. Or life in the deep. Great squid propelling themselves over the floor of the sea in the cold darkness. Shuttling past like trains, eyes the size of saucers. And perhaps beyond those shrouded swells another man did walk with another child on the dead gray sands. Slept but a sea apart on another beach among the bitter ashes of the world or stood in their rags lost to the same indifferent sun.
Cormac McCarthy, The Road, 2006.
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lundi 7 septembre 2009
Certains missiés y'en a abrutis quand même
Des marqueurs, du papier, des cartouches d’encre, un agenda, de la bière… Ah ! J’allais oublier l’essentiel sur ma liste de rentrée : une dizaine d’exemplaires de Tintin au Congo à mettre en sûreté avant que l’album tel qu’on le connaît ne disparaisse de la circulation. Mon reporter fétiche a beau être fortiche, je doute qu’il soit de taille à lutter contre de Joyeux Turlurons tels que Bienvenu Mbutu Mondondo (l’étudiant congolais qui a porté plainte contre Moulinsart S.A. pour racisme) ou Patrick Lozès (« Noir, tout simplement, pharmacien et président du CRAN » - dixit son blog) qui exigent sur tous les tons qu’un « texte didactique » soit inséré en préambule de l’album incriminé. Tintincaca, en somme.
C’est qu’elle est bien huilée, la rhétorique philanthropique de ces espèces d’individous. Tellement qu’elle en dégouline, à vrai dire. À aucun moment il n’est question de mutilation ni de censure. Pensez-vous ! Il s’agit simplement d’avertir, d’expliquer, de remettre en contexte. Comprenez : de faire acte de pénitence. Je m’amuse à parcourir du regard ma bibliothèque, pour estimer combien d’œuvres seraient susceptibles de se voir affublées d’un « texte didactique ». Car il ne fait nul doute que la bande dessinée n’est qu’une première étape : la littérature suivra. Autant vous avouer qu’il y a du boulot. De quoi régler le problème du chômage, même. C’est qu’il en faudra, des bataillons de rédacteurs pédagogues, pour nous rappeler que « Rabelais était tout de même fort grivois », que « Flaubert était peut-être un peu misogyne » (« Rodolphe Boulanger de la Huchette est un vilain garçon. Ne faites pas la même chose chez vous ») ou encore que « Céline avait beau être un bon écrivain, il lui arrivait d’être antisémite ».
Elle a de quoi faire sourire, d’ailleurs, cette obsession apparente de la « remise en contexte », quand la tendance actuelle est précisément à la négation du contexte, c’est-à-dire de l’évolution des mentalités, c’est-à-dire de l’histoire. Rappeler, même du bout des lèvres, que « nos valeurs » n’ont pas toujours prévalu est devenu un crime de lèse-société. Gloire à l’anachronisme et à la rétroactivité, qui nous confortent dans notre légitimité durement acquise ! Un petit téléfilm sur la lutte féministe de Madame de Pompadour par-ci, une représentation d’Antigone en costumes nazis par-là…
À quand la réécriture des œuvres elles-mêmes pour les mettre « au goût du jour », pour faire « qu’elles répondent mieux aux problématiques de notre société » ? Nous y viendrons peut-être. Pour avoir la paix, Hergé n’avait pas attendu, lui : les pèlerins qui baragouinent petit-nègre dans l’édition originale de Coke en stock parlent, dans la version actuelle, un français d’académicien. De même, Tintin faisant la classe dans l’album congolais y donne aujourd’hui une sommaire leçon d'arithmétique (« Combien font deux plus deux ? »), venue remplacer la célèbre tirade : « Mes chers amis, je vais vous parler aujourd’hui de votre patrie, la Belgique !... » - autrement plus drôle.
Car comme le rappelle Michael Farr (Tintin : le rêve et la réalité), Tintin au Congo demeure de très loin l’album d’Hergé le plus populaire en Afrique. Ah, ces Africains ! Ils ont beau ne pas être de grands enfants rigolards, ils ne se rendent pas compte des conséquences dévastatrices de leur humour. Il faut mener la lutte à leur place car ils prennent tout à la légère. Ils s’esclaffent en découvrant comment les blancs les percevaient il y a 80 ans alors qu’ils devraient déjà être en procès. Vous avez dit cliché ?
C’est qu’elle est bien huilée, la rhétorique philanthropique de ces espèces d’individous. Tellement qu’elle en dégouline, à vrai dire. À aucun moment il n’est question de mutilation ni de censure. Pensez-vous ! Il s’agit simplement d’avertir, d’expliquer, de remettre en contexte. Comprenez : de faire acte de pénitence. Je m’amuse à parcourir du regard ma bibliothèque, pour estimer combien d’œuvres seraient susceptibles de se voir affublées d’un « texte didactique ». Car il ne fait nul doute que la bande dessinée n’est qu’une première étape : la littérature suivra. Autant vous avouer qu’il y a du boulot. De quoi régler le problème du chômage, même. C’est qu’il en faudra, des bataillons de rédacteurs pédagogues, pour nous rappeler que « Rabelais était tout de même fort grivois », que « Flaubert était peut-être un peu misogyne » (« Rodolphe Boulanger de la Huchette est un vilain garçon. Ne faites pas la même chose chez vous ») ou encore que « Céline avait beau être un bon écrivain, il lui arrivait d’être antisémite ».
Elle a de quoi faire sourire, d’ailleurs, cette obsession apparente de la « remise en contexte », quand la tendance actuelle est précisément à la négation du contexte, c’est-à-dire de l’évolution des mentalités, c’est-à-dire de l’histoire. Rappeler, même du bout des lèvres, que « nos valeurs » n’ont pas toujours prévalu est devenu un crime de lèse-société. Gloire à l’anachronisme et à la rétroactivité, qui nous confortent dans notre légitimité durement acquise ! Un petit téléfilm sur la lutte féministe de Madame de Pompadour par-ci, une représentation d’Antigone en costumes nazis par-là…
À quand la réécriture des œuvres elles-mêmes pour les mettre « au goût du jour », pour faire « qu’elles répondent mieux aux problématiques de notre société » ? Nous y viendrons peut-être. Pour avoir la paix, Hergé n’avait pas attendu, lui : les pèlerins qui baragouinent petit-nègre dans l’édition originale de Coke en stock parlent, dans la version actuelle, un français d’académicien. De même, Tintin faisant la classe dans l’album congolais y donne aujourd’hui une sommaire leçon d'arithmétique (« Combien font deux plus deux ? »), venue remplacer la célèbre tirade : « Mes chers amis, je vais vous parler aujourd’hui de votre patrie, la Belgique !... » - autrement plus drôle.
Car comme le rappelle Michael Farr (Tintin : le rêve et la réalité), Tintin au Congo demeure de très loin l’album d’Hergé le plus populaire en Afrique. Ah, ces Africains ! Ils ont beau ne pas être de grands enfants rigolards, ils ne se rendent pas compte des conséquences dévastatrices de leur humour. Il faut mener la lutte à leur place car ils prennent tout à la légère. Ils s’esclaffent en découvrant comment les blancs les percevaient il y a 80 ans alors qu’ils devraient déjà être en procès. Vous avez dit cliché ?
dimanche 6 septembre 2009
Une connerie avertie en vaut deux (au moins)
Fermeture d'une crèche pour cause de grippe A :
Le maire, par précaution, n'a souhaité prendre aucun risque.
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jeudi 3 septembre 2009
Lost in translation
Lu ce matin dans la copie de version d'une étudiante convoquée à la session de rattrapage. Inutile de savoir l'anglais pour savourer la traduction :
Texte original
The turnaround suggests the limits of U.S. power in the world emerging out of the rubble of the financial crisis. Many countries, including U.S. allies, are increasingly putting pressure on America to clean up a mess they believe it created.
Traduction
Le tour de table propose une limitation des pouvoirs américains sur le monde émergent de la crise financiaire redondante. Beaucoup de pays, incluant les alliés américains, sont constament en train de pressioner l'Amérique afin qu'elle répare le bordel qu'ils croivent qu'elle a créée.
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