Quartier lointain, manga de Jirô Taniguchi : Hiroshi, homme d’affaires de 48 ans marié et père de deux enfants, un peu porté sur la bibine, prend par erreur un train qui le ramène dans la ville de son enfance. Après qu’un étrange malaise s’est emparé de lui devant la tombe de sa mère, il se retrouve au début des années 60, dans la peau du gamin de 14 ans qu’il a été. Sa mère est vivante, sa famille heureuse. Sans savoir si cette aventure n’est qu’une parenthèse rêvée ou une véritable nouvelle vie, il reprend l’école, retrouve ses vieux jeunes amis dont il connaît déjà le destin et revit ses premiers émois amoureux. Mais surtout, il a quelques mois pour résoudre un mystère qui a pesé lourd dans sa vie : pourquoi, un beau jour, son père a-t-il décidé de prendre un train pour ne jamais revenir ? Scénario et dessin très soignés pour ce grand classique du manga récemment adapté à l’écran (encore un !). Un peu trop soignés, peut-être ? On a plaisir à suivre les aventures d’Hiroshi et certaines scènes sont carrément jouissives. Taniguchi exploite habilement les situations qu’appelle son histoire : jeux d’échos et de déjà-vu, mélange de pouvoir donné par la prescience et d’impuissance à en tirer profit, décalage entre le corps et l’esprit… Mais l’ensemble tourne parfois un peu en rond ou à vide, et l’issue demeure assez convenue (« hésitation » entre rêve et réalité ; idée selon laquelle c’est en se replongeant dans son passé / enfance que l’on devient adulte…) Sur ce terrain-là, autant lire A Christmas Carol de Dickens. Autre réserve, la seconde adolescence de ce garçon m’a paru bien lisse, pour ne pas dire gentillette. La faute au décalage culturel, sans doute. Je ne suis pas vraiment le public cible de ce manga : je n’ai pas grandi dans le Japon des années 60, et en l’occurrence, il me semble que c’est, au moins dans une certaine mesure, un problème. J’ai conscience des références glissées çà et là (d’autant que le traducteur les décode souvent, sous forme de notes de bas de page), mais je n’y suis évidemment pas sensible. C’est mal barré pour la nostalgie. Cette enfance n’a pas été la mienne.
Je dirais même plus...
Qui êtes-vous ?
dimanche 5 décembre 2010
Inscription à :
Publier les commentaires (Atom)
Libellés
- Anglicisme (18)
- Brève de computoir (5)
- Brut de livre (38)
- Bulles (9)
- Cherchez pas (2)
- Clichés (6)
- Collier de perles (29)
- Croquis gnôlesque (15)
- Exhibitions (2)
- Humou' je p'écise (6)
- Me absolvo (3)
- Méfaits divers (24)
- Merdre (18)
- Pèrefourades (1)
- Point final (1)
- Private joke (1)
- Rassis-ocination (11)
- Réservé aux adultes (5)
- Toiles (6)
- Tranches de vie (1)
- Trois coups (1)
- Vidéos (et des bas) (13)
- Vocalises (16)
2 commentaires:
Il faudra que tu en discutes avec Claire (T.), qui n'aime pas particulièrement les mangas mais est une taniguchiste forcenée.
Je n'y manquerai pas... autour de quelques cannelés.
(Now, I know... That was below the belt.)
Enregistrer un commentaire