Je dirais même plus...

samedi 13 juin 2009

Cri(cri) d’amour

Il n’y a donc plus ni pères, ni mères, ni enfants. Seulement des papas, des mamans et des bout’chou. Provisoirement, d’ailleurs, car les deux premiers seront eux-mêmes bientôt remplacés par le générique parent. (Exemple : « Hier, avec mon parent, on est allés au zoo »). L’unisexe, on dira ce qu’on voudra, c’est plus pratique et moins fasciste. Encore un peu de patience.

En attendant, disais-je, papa-maman et leurs bout’chou se portent bien. Tendez l’oreille si vous n’êtes pas convaincus. « Blocage des universités : les mamans contre-attaquent ». « Le papa qui maltraitait son bout’chou depuis 43 ans sans qu’aucun voisin ne s’en aperçoive a été interpellé ». « La maman avait congelé ses bout’chou mais le papa la soutient », etc. C’est acquis. Inutile de s’appesantir.

Je propose, en revanche, d’aller plus loin, pour mettre fin à une odieuse inégalité de traitement. Avant même de devenir papa ou maman, n’est-on pas, en effet, amoureux ou amoureuse ? Dès lors, à quoi bon chanter les louanges de la parentalité si l’on discrimine le couple, en lui niant la part d’émotion publique qui lui revient de droit ? Je suggère donc que nous fassions un travail sur nous-mêmes et que nous nous efforcions de corriger nos mauvaises habitudes, à commencer par celle qui consiste à employer des mots aussi sordidement dénués d’affectif que mari, femme, compagnon ou compagne. D’aucuns trouveront peut-être le défi difficile à relever, mais le jeu n’en vaut-il pas la chandelle ? Imaginez avec quelle béatitude nous lirions ou entendrions les gros titres de demain : « Le Président s’est rendu à Londres accompagné de sa bibiche chérie ». « Catastrophe aérienne : 224 morts dont 96 sucres d’orge et 55 pupuces ». « Une comédienne battue à mort par son biquet d’amour ». How’s that for starters?

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