Je dirais même plus...

vendredi 2 juillet 2010

Ah, papito, tu me rends zinzin !

Quelques soirs plus tard, il y a eu une petite fête pour les participants au colloque. À part moi, ils étaient tous profs d'université et ils ne dansaient pas. Des gens sérieux, quoi. Ils ne faisaient que parler et parler. J'avais remarqué l'Africaine au téléphone avec son mari, auparavant. Un cadre militaire important dans leur pays, visiblement. Elle répétait tout le temps : « Oh, honey, I love you. » Par la suite, elle m'a montré une photo de ses trois enfants et de son mec en uniforme de parade, et elle très jolie en habit traditionnel... Toujours est-il qu'elle a abusé du vin, ce soir-là. On a bu quelques verres ensemble. À un moment, elle est venue à moi avec le plus doux sourire qui soit et elle m'a entraîné sur la piste de danse. Je n'avais pas envie de ça, moi. Elle me serrait contre elle, me caressait le dos, me disait dans l'oreille : « Ooh, very nice, very nice. Ooh, really very nice. » J'ai le dos très sensible, moi. J'ai plaqué mes mains sur cet énorme, splendide cul africain, et cinq minutes plus tard on était dans ma chambre, à l'étage au-dessus. Ça a été grandiose. Ses cheveux sentaient le sale. Elle avait de petites tresses qui n'avaient pas été défaites depuis Dieu sait quand, très mignonnes avec leurs boules de couleur mais vraiment puantes, alors je me suis concentré sur d'autres régions de son anatomie. Dehors il faisait à peine plus que zéro mais on suait et on suait, nous deux. Elle était fantastique, incroyablement souple, et elle levait les jambes à l'azimut. J'avais la tête fourrée là-dedans quand elle a lâché deux pets bien sonores. Je la besognais avec la langue et j'ai senti les deux jets d'air sous pression m'atteindre au front. J'ai risqué un coup d'oeil. Pas de merde. Okay. En avant. Elle était très agitée, elle. Elle me prenait la bite dans les mains. Elle la voulait. Moi, j'avais le préservatif déjà prêt. Je me suis couvert et j'ai plongé dans la jungle noire. Inoubliable. Très folklorique, tout ça. Il était quatre heures du matin ou presque lorsqu'elle est retournée prudemment à sa chambre. Moi, je suis descendu boire un peu de thé et me fumer un bon cigare. Il y avait encore quelqu'un par là. Un Vietnamien homo allongé sur un canapé, en train de regarder la chaîne Playboy à la télé. Une couverture tirée sur lui. Par en dessous, sa main s'activait dur. Branlette vietcong dans l'aube scandinave. On fait ce qu'on peut.
Le lendemain, j'ai essayé de remettre le couvert mais l'Africaine gardait les yeux au sol. Sans oser me regarder, elle a murmuré : « Sorry. Too much wine yesterday night. Sorry. »
J'ai voulu jouer le latin lover. Je lui ai dit que ça avait été super, qu'elle n'avait pas à regretter, que rien n'était plus naturel entre un homme et une femme qui se plaisent. Des idioties de ce genre. Mais elle ne s'est pas laissé convaincre. Les jours suivants, elle m'a évité. Alors j'ai demandé au Vietnamien gay à quelle heure passaient les meilleurs films, sur la chaîne de Playboy.
Pedro Juan Guttiérez, Animal tropical, 2000.

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